jeudi 3 juillet 2008

Objet a

(a) L'objet a (lire "l'objet petit a") est une des figures utilisées par le psychanalyste français Jacques Lacan pour théoriser le désir, sa source et ses dérives.
(b) Le 'a' ("petit a") qui particularise cet objet est la première lettre du mot grec 'agalma' utilisé par Socrate dans un dialogue de Platon.
(c) Un 'agalma' est une statuette.
(d) Dans l'Antiquité, les 'agalmata' sculptées par Dédale étaient célèbres pour leur beauté et leur précision. Permettant à Minos de retrouver la trace du fugitif, elles ont failli lui être funestes.
(e) Comme pour la sculpture de la reine défunte, Hermione, dans "Le Conte d'hiver" de William Shakespeare, on disait d'une agalma de Dédale : "on la croirait vivante", "on dirait qu'elle va se mettre à parler", "il ne lui manque que la parole".
- "Pour moi, je suis grand amateur des bibelots d'argent. J'ai des coupes de ce métal qui contiennent environ une urne, plus ou moins ; j'ai Cassandre égorgeant ses enfants, et les pauvres petits sont là étendus morts, qu'on croirait que c'est vivant. J'ai mille aiguières que Mys, le grand orfèvre, a léguées à mon patron : on y voit Dédale enfermant Niobé dans le cheval de Troie. J'ai aussi sur des coupes le combat d'Herméros et de Pétracte. Toutes sont d'un grand poids. Et ce que j'achète, dites-le-vous bien, je ne le revendrais à aucun prix. (Pétrone, "Le Satyricon", propos de Trimalcion)".
(f) L'objet a est lié à la notion de désir par le manque, critiquée par Deleuze et Guattari.
- "L'amant (quel que soit son sexe) a quelque chose qui lui manque, mais il ne sait pas ce que c'est ; et l'aimé n'est pas plus avancé : il possède quelque chose de caché qui fait son attrait, mais il ne sait pas quoi non plus. Ce quelque chose est une agalma, quelque chose de précieux, dissimulé dans une enveloppe : c'est l'objet du désir. Quand l'amour est réciproque, chacun des protagonistes est à la fois aimé et amant, et la dissymétrie est double. «Ce qui manque à l'un n'est pas ce qu'il y a caché, dans l'autre», énonce Lacan. (Commentaire sur Jacques Lacan, document du web)".
(g) Comme le tabou, le désir se déplace par contagion.
- "On ne s'étonnera pas, dès lors, de voir se creuser une différence entre les mythes d'origine que ces deux pensées de l'image auront pu produire : l'idole évoque les statues vivantes de Dédale, le pouvoir d'animation amoureuse dont Aphrodite gratifiait l'ivoire sculpté par Pygmalion, l'ombre contournée d'un amant qui va disparaître, ou bien encore le reflet captivant en lequel Narcisse voulut s'abîmer. Ce n'est plus dès lors le passage de l'inerte à l'organique qui est valorisé ; ce n'est plus l'aspect fascinant, ni l'ombre portée, ni le reflet qui servent de paradigmes essentiels. A l'ombre et au reflet vont se substituer l'atteinte lumineuse, la trace et le contact du sang... Tant il est vrai que l'épisode (pourtant apocryphe) de la Véronique aura pu fonctionner comme récit d'origine de toute icône chrétienne, se concrétisant dans l'histoire en différents objets de culte, en images miraculeuses, nommées acheiropoîètes, parce que "non faites de main d'homme". Ce récit d'origine ne nous parle ni de prodigieux hasard (tuchè), ni de prodigieuse technique ; il nous parle du visage du Christ miraculeusement "cliché" sur le voile tendu par une jeune vierge compatissante, au bord du chemin de croix. C'est alors la marque même du sacrifice - sang, souffrance et défiguration d'un dieu, mais aussi sa logique rédemptrice - qui aura constitué la première image chrétienne, à travers l'impression de ses traces, ce que le latin nomme : ses vestigia. (Encyclopaedia universalis, article "Art et Théologie")".
(h) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Désir mimétique. Désir moléculaire. Hermione et Polixène. L'Anti-Oedipe. Théorie mimétique. Vestige. "Oedipe Famille". "Oedipe Fatalité". "Oedipe Robinson".

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