jeudi 3 juillet 2008

Objet interne

Terme de Psychanalyse.
(a) Un objet interne est un élément de base de la réalité psychique d'un sujet. Certains auteurs parlent de fantôme.
(b) Les objets internes entretiennent entre eux des rapports intra-personnels. Ces rapports sont des relations entre des instances, des représentations d'objets externes et des images de soi. Ils se déroulent au sein (intra) d'une seule et même personne (nommons la ego).
(c) C'est l'ensemble de ces rapports intra-personnels qui constituent la réalité psychique du sujet et, plus particulièrement, le Soi de ego.
(d) Les relations entre les objets internes et les objets externes sont des relations de représentation. Elles ne sont pas, pour autant, des relations de similitude ni de reflet.
(e) Sigmund Freud a découvert l'existence des objets internes quand il a reconnu l'importance des fantasmes et de la vie fantasmatique dans le discours de ses patients (hystérie masculine ou féminine, névrose obsessionnelle).
(f) Autant que l'inconscient, la dialectique des objets internes et des objets externes est au cœur de la métapsychologie freudienne.
(g) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Abandon théorique du trauma. Clivage. Etiologie paternelle. Incorporation. Projection. Transfert. "Ile Robinson".

Objet médiateur

(a) Un objet médiateur est un objet qui assure la médiation (passage, transition) entre des spécialistes, par l'obligation qu'a chacun d'eux de prendre en compte et de réagir à ses caractéristiques. L'objet médiateur est à la fois un objet manifestant une frontière (objet frontière) et un objet permettant le passage (interface).
(b) Depuis longtemps les mots, les dessins dans le sable, les gestes de la main et le dessin industriel sont des objets médiateurs, mais ils sont soit trop vagues soit trop difficiles à comprendre.
(c) Par le partage des informations fournies par le sens de la vision, les modèles volumiques de la CAO en 3 dimensions (3 D) facilitent ce dialogue. Par le partage des informations fournies par le sens du toucher, les maquettes solides permettent à tous de voir et toucher ce que pense le concepteur.
(d) Citation :
- "Cette qualité de médiateur des objets intermédiaires est donc ce qui fonde la possibilité de suivre un projet et de caractériser sa dynamique à partir d'eux... La transformation opérée par l'objet médiateur tient en effet à sa matérialité et aux espaces sociaux (conventions sociales, environnement technique, système linguistique, etc.) liés à sa mise en oeuvre. Il serait donc intéressant d'étudier la mise en forme de ces objets au niveau sociétal (la constitution des règles et conventions du dessin industriel, par exemple, ou des logiciels de CAO, ou des techniques de prototypage, etc.) en même temps qu'au niveau des cas particuliers au sein desquels sont produits des graphes, dessins, maquettes ou autres objets particuliers... Ainsi, la mise en mots d'une idée fait jouer sur celle-ci les contraintes et les ressources de la langue : l'idée se découvre une fois exprimée... Ma matière (physique, informatique, graphique, textuelle ou langagière) est ici supposée active (rétive, créative ou destructive). Les objets, dans cette perspective, sont inévitablement des médiateurs (ils ne se transmettent pas à l'identique), des acteurs (ils introduisent des degrés de liberté qui ne se réduisent pas au jeu actuel des acteurs humains) et des traducteurs (il n'y a pas de traduction sans interprétation et sans inscription dans un système de connotations différent) (Actes du colloque, "Coopération et Conception", page 95)".
(e) Les objets médiateurs existent du fait de la multiplicité des sémiotiques (intellectuelles ou corporelles). Les objets médiateurs assurent une utile intersémioticité. Parmi les objets affectifs, l'objet transitionnel (le linge ou l'ours en peluche dont le bébé ne veut pas se séparer) est un autre type d'objet médiateur.
(f) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions : Conception récursive. Conception Simultanée. Conception Simultanée du produit et de son usage. Conception Simultanée du produit et du process. Conception stratégique du catalogue. Conception structurante. Conception tactique du produit. Manifestation.

Objet nomade

(a) 'Objet nomade' est une appelation et un concept (regroupant dans la même catégorie silex, arc, couteau suisse, baladeur, ordinateur de poche, téléphone mobile, assistant personnel, robot compagnon et D2R2) proposés par Jacques Attali en 1985.
(b) Elément de définition.
- "Pourquoi «objets nomades» ? Les nomades transportent depuis toujours, on l'a vu, des objets susceptibles de les aider à vivre en voyage ; le premier fut sans doute une pierre taillée, un talisman, puis vinrent le feu, les vêtements, les chaussures, les outils, les armes, les bijoux, les reliques, les instruments de musique, les chevaux, les papyrus. Puis ce fut le livre, premier objet nomade produit en série ; ensuite des objets permettant de miniaturiser et de rendre portatifs des instruments sédentaires : montre, appareil photo, radio, électrophone, caméra, lecteur de cassettes. D'autres surgissent enfin pour traiter l'information. En 1976, un nouveau venu, californien lui aussi, Steve Jobs, crée l'Apple 1, ordinateur individuel utilisable par tous, avec des interfaces simples. En 1979, des Japonais commercialisent le premier objet nomade ayant un nom quasi nomade : le Walkman, lecteur de cassettes inventé par un Allemand du nom d'Andreas Pavel. Simultanément se développe le goût pour d'autres objets nomades, les animaux de compagnie de toutes espèces, qui offrent aux sédentaires l'occasion de vivre une vie de quasi-pasteurs, de simili-nomades, de simili-cavaliers accompagnés d'un simili-troupeau, sans aucun des risques associés au voyage, avec une compagnie fidèle et durable dans un océan de précarité et de déloyauté. (Jacques Attali, "Une brève histoire de l'avenir", Fayard, 2006, pages 137-138)".
(c) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions : Anvers. Imprimerie. Livre. Plantin-Moretus.

Objet partiel

Terme de Psychanalyse.
(a) Un objet partiel se distingue d'un objet total.
(b) Un objet partiel est une partie du corps humain affectée (investie) des attributs de la personne humaine complète. Le plus grand des objets partiels est le corps plein.
(c) Citation :
- L'objet partiel, "par opposition à l'objet total (personne prise pour objet d'amour), est partie ou fragment du corps (le sein, les fèces, le pénis) pris pour objet de pulsions partielles. Examiné sous l'angle de la théorie des pulsions partielles, l'objet est dit partiel dans la mesure où il focalise la pulsion sur une partie du corps (le sein ou le pénis, par exemple). Mais, ainsi que l'ont montré Karl Abraham puis Mélanie Klein, l'objet partiel fonctionne fantasmatiquement avec les caractères que l'on attribue habituellement à une personne : il peut être persécuteur ou rassurant. Enfin, il est important de se rendre compte que, pris dans ses équivalences symboliques, l'objet partiel ordonne moins telle pulsion particulière que l'économie des pulsions dans leur ensemble (par exemple, pénis = fèces = enfant = argent = cadeau). (Pierre Fédida, "Dictionnaire de la Psychanalyse", page 191)".
(d) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Affect. Choix d'objet. Choix d'objet anaclitique. Choix d'objet narcissique. Don fermé. Don ouvert. Fétiche. Fétichisme. Intersémioticité. Objet affectif. Pièce détachée. Pièces détachées. Point de vue. Sémiotique corporelle. "Don Mauss".

Objet permanent

(A) Psychologie.
(a) L'univers initial du nouveau-né est un monde sans objets, en ce sens que objet (le sein maternel) et sujet (la bouche ou l'enfant) ne sont pas distincts. C'est l'adualisme initial, décrit par Baldwin. L'univers de l'enfant consiste en tableaux mouvants et inconsistants, qui apparaissent puis se résorbent. Ils sont comme le cumulus humilis, un matin d'été.
(b) Dès le seconde année, grâce à l'assimilation, la récognition et la différenciation, l'enfant se construit un univers pratique formé d'objets permanents (objets familiers, parents, mobilier). La représentation que l'enfant se construit de l'objet permanent fait que l'objet résiste à sa disparition provisoire pour le sens de la vision. Le jouet qui passe derrière une porte ne se résorbe plus, il ne fait que disparaître provisoirement. Le schème de l'objet permanent corrige les apparences trompeuses de la perception.
(c) L'objet permanent est une première réussite de l'intersémioticité entre deux ou plusieurs des cinq sens. Continuer à entendre la voix de la personne familière (père, mère, frère, sœur) que l'on ne voit pas est un relais intersémiotique favorable à la construction de l'objet permanent. Les associations d'idées sont préparées par des associations de sensations dans la mémoire énergétique et signifiante de l'enfant. La construction et l'association ne sont pas antagoniques.
(d) Avec la météorologie, la physique quantique et l'énergie du vide, l'adulte doit apprendre à se défaire de cette illusion acquise de l'universalité des objets permanents.
(e) Référence littéraire :
- "-- Les brigands cherchent à scalper ou à piller, dit l'homme blanc, à qui nous laisserons le nom d'Oeil-de-Faucon que lui donnaient ses compagnons.
-- L'actif Français Montcalm enverra ses espions jusque dans notre camp, plutôt que d'ignorer la route que nous avons voulu suivre.
-- Il suffit, dit le père en jetant les yeux vers le soleil qui s'abaissait vers l'horizon ; ils seront chassés comme des daims de leur retraite. Oeil-de-Faucon, mangeons ce soir, et faisons voir demain aux Maquas que nous sommes des hommes.
-- Je suis aussi disposé à l'un qu'à l'autre, répondit le chasseur ; mais pour attaquer ces lâches Iroquois, il faut les trouver ; et pour manger, il faut avoir du gibier.
-- Ah ! parlez du diable et vous verrez ses cornes. Je vois remuer dans les broussailles, au pied de cette montagne, la plus belle paire de bois que j'aie aperçue de toute cette saison. Maintenant, Uncas, ajouta-il en baissant la voix en homme qui avait appris la nécessité de cette précaution, je gage trois charges de poudre contre un pied de wampum, que je vais frapper l'animal entre les deux yeux, et plus près de l'oeil droit que du gauche.
-- Impossible, s'écria le jeune Indien en se levant avec toute la vivacité de la jeunesse ; on n'aperçoit que le bout de ses cornes.
-- C'est un enfant, dit le blanc en secouant la tête et en s'adressant au père ; croit-il que quand un chasseur voit quelque partie du corps d'un daim, il ne connaisse pas la position du reste ?
Il prit son fusil, l'appuya contre son épaule, et il se préparait à donner une preuve de l'adresse dont il se vantait, quand le guerrier rabattit son arme avec la main.
-- Oeil-de-Faucon, lui dit-il, avez-vous envie de combattre les Maquas ?
-- Ces Indiens connaissent la nature des bois comme par instinct, dit le chasseur en appuyant par terre la crosse de son fusil, en homme convaincu de son erreur ; et se tournant vers le jeune homme: -- Uncas, lui dit-il, il faut que j'abandonne ce daim à votre flèche, sans quoi nous pourrions le tuer pour ces coquins d'Iroquois. (James Fenimore Cooper, "Le Dernier des Mohicans", Chapitre III)".
(f) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Ascension d'une bulle d'air. Assimilation. Constructivisme. Effet de fœhn. Formation des nuages. Infans. Le brouillard se lève. Mémoire de récognition. Mémoire d'évocation. Nuages. Objet. Oralité. Pluie. Schème. Sémiotique corporelle. Sens de l'audition. Sens de l'hallucination. Sensations. Systèmes nuageux. "Réalité Représentations".
(B) Institutions.
(a) Peuplées d'hommes, les institutions sont des "objets" plus permanents que les hommes qui les font vivre.
(b) Les institutions commencent par modeler les individus qui sont destinés à les perpétuer comme normes de comportement et de pensée :
- <>.
(c) De même, le corps humain est un objet permanent (tant que la vie y règne) bien que ces constituants y soient recyclés et remplacés en permanence.
(d) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions : Dynamique. Ethique. Gilles Deleuze.

Objet psychique

Terme de Psychanalyse.
(a) L'emploi du terme 'objet' est très courant en psychanalyse, même pour désigner un sujet ou ce qui peut le devenir.
(b) Citations :
- Objet est un "terme aux usages multiples plus ou moins vagues qui, en psychanalyse, a des significations précises :
(1) En tant qu'il se distingue du but, l'objet de la pulsion est 'ce en quoi ou par quoi la pulsion peut atteindre son but'. Freud dit aussi : 'Appelons objet sexuel la personne qui exerce l'attirance sexuelle et but sexuel l'action à laquelle pousse la pulsion'. Ainsi, qu'il soit réel ou fantasmatique, l'objet de la pulsion se définit par sa variabilité et se trouve ainsi fonction du contenu de l'histoire personnelle du sujet. La distinction entre objet réel et objet imaginaire n'est pas tout à fait simple : en effet, si l'on peut dire que la nourriture est l'objet de la pulsion orale, on s'aperçoit du même coup que le terme de nourriture peut prendre de multiples valences fantasmatiques sans cesser pour autant de constituer un objet de la pulsion.
(2) Dans la langue classique, l'objet se définit par rapport à l'amour et à la haine et dans le cadre d'une théorie du passage de l'auto-érotisme au narcissisme, du narcissisme à l'homosexualité et, enfin, de l'homosexualité à l'hétérosexualité : le problème se pose alors dans les termes du choix d'objet. 'Les termes d'amour et de haine ne doivent pas être utilisés pour les relations des pulsions à leurs objets, mais réservés pour les relation du moi total aux objet' (Freud). (Pierre Fédida, "Dictionnaire de la Psychanalyse", page 190)".
(b) Pour la pulsion orale définie ci-dessus, le pouce puis le stylo voire le pénis que l'on suce ou le clitoris que l'on lèche, sont aussi bien une nourriture psychique qu'un leurre physique et qu'un symbole de la relation. La construction biologique du corps n'est jamais pleinement achevée. La procréation n'est pas seulement l'affaire des parents biologiques. C'est tout au long de notre vie que nous devons poursuivre cette procréation au sens large. D'autant que la construction sociale des corps risque d'occuper un terrain que nous n'occuperions pas.
(c) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Défaut d'instinct. Devenir sujet. Domination comme principe. Domination masculine. Naître objet. Néoténie. Objet externe. Objet interne. Prématuration. Servitude volontaire.

Objet réel global

(a) Ce que nous nommons nature, est à la fois la nature interne et la nature externe. Ainsi définie, la nature est le seul objet réel global de l'Univers.
(b) Contrairement à l'objet concret qui tombe sous le sens (un des cinq sens) l'objet réel global de l'Univers n'est pas réductible à une seule abstraction. Contrairement à nos illusions, fantasmes, espoirs ou angoisses, cet objet réel global n'est pas une totalité. Le processus de totalisation est infini car il fait toujours appel à une résolution accrue.
(c) La science est une démarche d'élaboration de conjectures cohérentes pour leur soumission à des procédures de réfutation. Ce projet d'intelligibilité est une forme de communication entre l'homme et la nature. Dans les expériences scientifiques, en validant ou en réfutant les conjectures, la nature se comporte comme le Destinateur judicateur de ce conte merveilleux. La validation des conjectures scientifiques est une épreuve glorifiante, imposée par le Destinateur final. Elle aboutit à la double reconnaissance du Destinataire-sujet :
- Reconnaissance quantitative de la survie possible de la population de l'humanité.
- Reconnaissance qualitative de son humanité.
(d) Cette double reconnaissance est précédée par une double épreuve décisive :
- Elle concerne d'abord la transformation d'un système statique de connaissances en un procès dynamique d'actualisation d'instances du sujet (compétences). C'est le versant cognitif de la performance.
- Elle concerne aussi la réalisation de composants partiels de l'objet (pièces, produits, catalogues, systèmes énergétiques). C'est la transformation concrète du réseau physique naturel.
(e) Car le seul objet réel global est le réseau physique naturel de la réalité. Bien qu'appropriable, il échappe à toute propriété. Cet objet n'est pas totalisable.
(f) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Désir de reconnaissance. Objet partiel. Objet total. Résolution mathématique. Résolution psychologique. "Production Appropriation". "Propriété Possession". "Travail Narration".

Objet réfléchi

Terme d'Optique.
(a) Un objet réfléchi n'est pas un objet conçu, après mûre réflexion, par un concepteur humain.
(b) Un objet réfléchi n'est même pas le fruit d'une réflexion humaine.
(c) Un objet réfléchi est produit par une réflexion optique. D'ailleurs, un objet réfléchi n'est même pas un objet solide.
(d) Un objet réfléchi est un reflet. C'est le reflet d'un objet source.
(e) Un reflet est une image optique. Ce n'est pas l'image optique directe de l'objet source, mais une image inversée produite par la réflexion optique.
(f) En conséquence, dans l'œil du spectateur, l'image de l'objet réfléchi est projetée de manière inversée par rapport à l'image directe de l'objet source.
(g) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez le texte : "Réalité Représentation".

Objet sémiotique

(a) Un objet quelconque (objet matériel ou objet de pensée) n'existe, sémiotiquement parlant ,que par un discours dans lequel il se manifeste. Il n'existe pas sans une relation avec un sujet pour lequel il est objet de valeur ou objet de désir.
(b) Citation :
- Pour une sémiotique de l'action et de la manipulation, "une définition existentielle, d'ordre proprement sémiotique, des sujets et des objets rencontrés et identifiés dans le discours, est absolument nécessaire. On dira qu'un sujet sémiotique n'existe en tant que sujet que dans la mesure où on peut lui reconnaître au moins une détermination, autrement dit, que s'il est en relation avec un objet de valeur quelconque. De même, un objet (parmi les innombrables objets que comporte un discours) n'est tel que s'il est en relation, s'il est visé par un sujet. C'est la jonction qui est la condition nécessaire de l'existence des sujets tout aussi bien que de celle des objets. Antérieurement à leur jonction, sujets et objets sont dits virtuels, et c'est la jonction qui les actualise. Deux types de relations étant réunis sous le nom de jonction, on dira que les sujets et les objets de valeur en disjonction sont des sujets et objets actualisés, alors qu'à la suite de la conjonction ils seront réalisés. En réalisant son programme narratif, le sujet rend réelle la valeur qui n'était que visée et se réalise lui-même. (Greimas, Courtès, "Dictionnaire raisonné de Sémiotique", page 139)".
(c) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions : Actualisation. Manifestation.

Objet source

Terme d'Optique.
(a) Un objet source est un objet qui émet de la lumière.
(b) Un objet source produit une image optique directe (mais inversée) dans l'œil de celui qui le regarde par un temps clair et clément.
(c) Il arrive que cette lumière fasse l'objet d'une réflexion optique sur une surface réfléchissante. Elle donne alors une image optique qui peut recevoir le nom d'objet réfléchi.
(d) Si nous ne pouvons le vérifier par une autre sémiotique que celle du sens de la vision, le sens du toucher par exemple, nous ne sommes pas sûrs que l'objet source soit un objet solide ni qu'il se trouve là où nous croyons qu'il se trouve en fonction de la direction des rayons lumineux qui forment son image optique dans notre oeil.
(e) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Cinq sens. Hallucination. Homo Sapiens Demens. Intersémioticité. Mirage. Sémiotique corporelle. Sens de l'hallucination. Sensations. "Réalité Représentations".

Objet total

Terme de Psychanalyse.
(a) Parmi les objets psychiques, un objet total se distingue d'un objet partiel.
(b) Un objet total est une personne prise pour objet d'amour ou pour objet sexuel. L'objet total est le partenaire de la relation sexuelle ou l'amant de la relation amoureuse.
(c) Citation :
- Objet total "expression surtout utilisée par Mélanie Klein dans le rapport dynamique de destruction et de reconstruction de l'objet. (Pierre Fédida, "Dictionnaire de la Psychanalyse", page 191)".
(d) L'objet d'amour ne connait pas un déterminisme biologique strict, dans le monde humain. D'où l'existence de ce que la psychiatrie, avant Sigmund Freud, a nommé des "perversions" de l'instinct sexuel. En fondant la Psychanalyse historique, Freud a montré que si le choix d'objet est crucial, c'est qu'il n'est pas donné d'emblée. C'est d'ailleurs pourquoi Freud décide de parler de pulsion (poussée à but indéfini), de libido (aspect quantitatif de la poussée, soumis à un principe de conservation de l'énergie) et s'intéresse à l'investissement de cette énergie libre.
- Citation : "Nous sommes maintenant avertis de l'erreur que nous avions faite en établissant des liens trop intimes entre la pulsion sexuelle et l'objet sexuel. L'expérience nous apprend, dans les cas que nous considérons comme anormaux, qu'il existe entre la pulsion sexuelle et l'objet sexuel une soudure que nous risquons de ne pas apercevoir dans la vie sexuelle normale, où la pulsion semble déjà contenir par elle-même son objet. Cela nous engage à dissocier, jusqu'à un certain point, la pulsion et l'objet. Il est permis de croire que la pulsion sexuelle existe d'abord indépendamment de son objet, et que son apparition n'est pas déterminée par des excitations venant de l'objet. (Freud, "Trois essais sur la sexualité")".
(e) Déjà chez les animaux, par l'élaboration de leurres ayant les bons traits distinctifs, les éthologues réussissent à faire prendre un artefact pour un partenaire sexuel (épinoche). Une fixation trop rigide interdirait à l'espèce toute adaptation.
(f) Co-évolution. Il y a déjà longtemps que la fleur trompe l'insecte pollinisateur.
(g) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Défaut d'instinct. Devenir sujet. Fétiche. Naître objet. Néoténie. Objet sexuel. Pièce détachée. Position dépressive. "Oedipe Fatalité".

Objet-lien

(A) Définition.
(a) Un objet-lien est au coeur d'une intelligence collective originelle (Jacques Attali).
(b) Objet réel.
- Ballon sur le terrain de foot ou de rugby.
- Proie dans la meute de loups.
(c) Objet symbolique.
- Objet de la réunion.
- Objet du débat.
(d) Objet miamiam : objet dont la rareté (nourriture, proie, matières premières, argent) pousse à la coopération.
(e) Objet sorcière : danger réel (épidémie) ou imaginaire (sorcière, terroriste) dont la survenue (réelle ou invoquée) provoque la réaction du groupe.
(f) Objet art : objet avec lequel on est dans un mode créatif et non pas réactif.
(g) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions : Croyance collective. Economie cognitive. Intelligence collective globale. Intelligence collective originelle. Intelligence pyramidale. Pensée collective. Polymorphisme.
(B) Autres caractéristiques de l'intelligence collective originelle.
(a) Contrat social : règles du jeu, but collectif,
(b) Economie du don : on donne au groupe, parce ce que cela lui apporte et que chacun y gagne. On est dans une économie ou dans un jeu à somme positive.
(c) Structure apprenante : non seulement chaque individu apprend, mais le groupe est capable d'intégrer l'erreur et de la corriger.
(d) Limites liées à une proximité spatiale et sensorielle, ce qui exige aussi un petit nombre, pour que le bruit n'empêche pas l'holoptisme.
(e) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Chaos structurant. Le Contrat social. Pensée organisatrice. Polymorphisme. "Don MAUSS".

Objet-monde

(a) Un objet-monde est un objet qui, par ses conditions, dépasse largement la taille de l'instrument manuel et atteint les dimensions de notre monde. C'est le cas pour le climat, l'air, l'eau, la pollution dans lesquels nous vivons.
- "Cherchons maintenant à savoir ce que signifie ce nous, curieusement dit deux fois. Voici : les anciens objets, maniables, nous les tenions jetés devant nous, en percevant leurs limites, dans l'espace et par le temps. Or, non seulement nous savons construire, ce que j'ai nommé jadis des objets-monde, qui dépassent lesdites limites : bombes thermonucléaires, effluents de certaines industries, systèmes de communication, satellites artificiels, biotechnologies... mais le monde lui-même, eau et air, vie et temps, naissance et mort, climat et durée, deviennent, à leur tour, pour nous, des objets. Devant qui les tenons-nous ? Voici encore : locaux et mobiles, les objets anciens pouvaient devenir objets d'échange, dont les circulations tissaient le collectif ; pas de groupe sans ces objets, pas de société sans échange. Or en raison de leur dimension globale, les nouveaux objets se trouvent désormais, le plus souvent, hors échange. On peut s'emparer des sources, fixes et repérables, mais non voler l'aléa des pluies. Ou plutôt, l'enjeu majeur, demain, portera sur ces questions : oui ou non, l'air, le climat, la naissance, la mort... entreront-ils dans la circulation marchande ? Je parie que non ; si oui, s'ensuivrait une guerre totale qui éradiquerait l'humanité. À objets locaux, sociétés bariolées ; à objets globaux, humanité unitaire. Voilà ce que diraient un réaliste ou un matérialiste conséquents. Ces nouveaux objets, hors échange, nous concernent, nous inquiètent, nous opposent, nous rassemblent. Première nouvelle: il ne s'agit plus des mêmes objets ; deuxième nouvelle, il ne s'agit plus du même nous. Par ce pronom, transparent à leurs yeux et presque oublié dans leur précepte, les anciens stoïciens désignaient leur propre groupe clairsemé de citoyens riches, savants et sages, leurs cités aussi, leur empire même peut-être, bref, des collectifs compatibles avec le rayon d'action fini de leurs outils. Pour fabriquer des charrues, il suffit d'une famille ; pour assembler un navire, d'un village de pêcheurs ; pour construire des palais, il faut une cité ; pour aligner une armée, organiser une administration, un État. À la taille d'un objet, à l'échelle d'un projet, à l'évolution d'une oeuvre, correspondent celles d'un groupe et la durée de son histoire. Nous voici aujourd'hui plus experts et moins sages, peut-être, que les stoïciens de jadis, plus puissants et faibles cependant, maîtres et esclaves, fous et raisonnables, multipliés, irresponsables, séparés les uns des autres par mille usages opaques ; comme d'habitude. Certes, tout dépend désormais de nous, mais nous dépendons tragiquement de la dispersion disparate et polémique de ce nous que je viens de dire en crise. Cependant un tel chaos de différences tend à se recruter en unité. Quel groupe nouveau suscitent ces objets-monde ? Hélas, nous n'arrivons pas encore, au moins pour le moment, à constituer une institution mondiale propre à maîtriser la saisie, la gestion, l'évolution de ces objets-monde, non plus seulement diffus autour de nous et « causants », mais aussi jetés devant nous et presque aussi «causés» que jadis les objets locaux, petits de taille et courts de durée ; en tout cas, causés par nous et causes, en partie, de notre avenir. Ces systèmes globaux et durables me paraissent recruter un groupe nouveau de sujets, un nouveau nous. S'ils existent, il faut bien qu'un collectif les ait produits, par exemple, que quelqu'un ait troublé l'air que nous respirons et l'eau que nous buvons. Inversement, il faut bien, aussi, et d'urgence, que nous nous occupions de boire et de respirer demain. (Michel Serres, "Récits d'humanisme", Le Pommier, 2006, pages 124-125)".
(b) Le premier objet-monde créé par l'homme est peut-être la bombe d'Hiroshima. Il se multiplie vite. Internet en est un autre.
- "Appelons objets-monde, je le rappelle, la bombe atomique, les résidus nucléaires ou la Toile elle-même, parce que l'une de leurs dimensions physiques, énergie, temps ou espace, accède à l'échelle de l'une des dimensions du monde. Jamais nous ne construisîmes d'outil ou de machine propres à travailler le monde global. Or nous pouvons, aujourd'hui, faire varier le trou de l'ozone et propager assez de résidus gazeux pour réchauffer lentement la planète. Lorsque ces objets-monde quittent le statut strict d'outils ou de machines propres au travail sur les choses, pour devenir des quasi-objets, comme les médias en général, ils se transforment en machines à société. (Michel Serres, "Hominescence", page 273)".
- "Un satellite, pour la vitesse, une bombe atomique, pour l'énergie, l'Internet, pour l'espace, les résidus nucléaires pour le temps... voilà quatre exemples d'objets-monde. (Michel Serres)".
- "Qu'est-ce donc qu'un objet ? Au sens littéral : «Cela qui est jeté ou que l'on jette devant.» Les objets-monde gisent-ils devant nous ? La dimension globale qui les caractérise supprime la distance entre nous et eux, écart qui définissait autrefois, justement, nos objets. Nous habitons en eux comme dans le monde. Appelons-nous nos maisons des objets ? Les artefacts traditionnels, outils et machines, forment des ensembles à rayon d'action local, dans l'espace et le temps : l'alêne perce le morceau de cuir, la masse frappe et enfonce le pieu, la charrue taille le sillon... et définissent, en tout, un environnement sur lequel les hommes de Part qui les utilisent travaillent. Un tel découpage du monde en localités quasi corporatives, spécifiques même, rend possible une philosophie de la maîtrise et de la possession, puisque nous savons alors définir ce que nous dominons et comment nous le faisons, de même que le font les espèces animales. Cette découpe stable contribue à définir et à fixer la notion médiévale d'objet, ob jecttts, ce qui gît, à distance moyenne, devant le corps et sa force, en nos interventions et pensées. Tenu par un sujet, un objet technique agit sur d'autres objets, parfois même sur d'autres sujets; tous ces éléments demeurent dans un sous-ensemble spatio-temporel étroit et relativement invariant dans le temps. Commencée avec les techniques de la chaleur et l'augmentation quantitative de ces objets-monde, la globalisation forme, peu à peu, un nouvel univers : technique, physique, nous le voyons, humain et juridique, nous le verrons. Peut-on encore nommer objets les choses qui le constituent et sujets encore les personnes qui s'en servent? Nos réseaux de communication sont-ils des objets? Ils n'en ont ni la présence ni sans doute la réalité, puisque les canaux et les fibres optiques transportent des chiffres, des symboles et des virtualités. Nous y habitons plutôt. Dépendance et possession. Enfin, autant il est possible de maîtriser des lieux donnés en des temps brefs et de s'en rendre possesseurs, puisque en fin de compte la propriété ne se comprend qu'avec l'occupation d'une niche délimitée, quasi biologique, autant nous ignorons les tenants et les aboutissants d'une maîtrise globale du monde. Or, vouées à la différence, les philosophies actuelles se taisent toutes sur les catégories de la totalité, si difficiles à manier, puisque nous ne savons définir de rigueur et d'exactitude que dans le local, c'est-à-dire pour des objets, au sens médiéval de ce terme. L'adage cartésien de la possession de la nature ne définit pas les conditions de la maîtrise d'un «objet aussi vaste». Cette même recommandation de maîtrise s'inscrit, d'autre part, dans le lent déplacement historique du vieux partage stoïcien des choses qui dépendent de nous et des choses qui n'en dépendent point. Et, de nouveau, quelles «choses» et quel «nous» ? Dans ce deuxième acte, cartésien, ces «choses» qui, jadis, ne dépendaient point de nous en dépendent soudain, et de plus en plus; nous vivons même parfois la certitude, pas toujours illusoire, que tout dépend de nous ; mais, troisième acte, nous commençons à dépendre nousmêmes de choses qui dépendent des actes que nous entreprenons, suscitées, déchaînées, en tout cas nées de nos actions, comme une nouvelle nature. Au premier partage stoïcien, à la deuxième maîtrise cartésienne, succède une spirale où inter- et rétroagissent maîtrise et dépendance, où disparaissent, en se mêlant, les sujets désuets, jadis solitaires, avec les anciens objets désuets, parce que localisés. Est-ce le changement dans le statut des objets ou des choses qui commande le changement dans le régime de la dépendance ou de la possession ? Voici déjà trente ans, j'avais écrit qu'à la maîtrise du monde doit succéder aujourd'hui la maîtrise de la maîtrise. Les objets-monde nous mettent en présence du monde que nous ne pouvons plus traiter comme un objet : objectif, assurément, et ainsi nous évitons tout animisme, mais non passif, puisqu'il agit, en retour, sur les contraintes globales de notre survie. Nous devons penser un tel retour. (Michel Serres, "Hominescence", Le Pommier, 2001, pages 180-181)".
(c) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Eau lourde. "Géologie Politique".

Objet et démarche de la psychologie

(a) En toute discipline scientifique, il faut distinguer l'objet de la recherche et la démarche qui permet de produire une connaissance sur celui-ci.
(b) La psychologie s'intéresse à quelque chose d'invisible (pensée, sentiments, notions, connaissance, inconscient), son objet, à partir de comportements visibles et observables, sa démarche.
(c) Citation :
- "En deux propositions contrastées, la psychologie scientifique n'a jamais affaire qu'à des comportements, mais elle n'est pas la science du comportement : à partir de celui-ci c'est autre chose qu'elle vise, dont il lui faut reconstruire les caractéristiques par l'analyse théorique et expérimentale. Une telle attitude de recherche, qui tend à connaître ce qui est à l'intérieur, non observable, central, à partir de ce qui est à l'extérieur et objectivement observable, a une portée générale. Pour être explicite, elle vaut autant pour l'étude des affects et de leurs effets que pour celle des activités cognitives ; c'est pourquoi nous ne voyons pas la nécessité d'adopter l'étiquette de cognitivisme, qui porte à nouveau en germe la confusion contre laquelle nous nous élevions plus haut entre l'objet et la démarche. (Le Ny, "Sémantique psychologique", page 12)".
(d) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Connaissances. Discipline. Disciplines. Informations. Logique et psychologie. Objet. "Réalité Représentations".

Objet et formalisation

(a) Une discipline scientifique comme la psychologie se doit (par démarche, par méthode, en fonction de son projet d'intelligibilité) de donner une formalisation à ses observations, ses expériences, ses protocoles et ses résultats.
(b) Cela n'implique nullement que l'objet de ses observations (le locuteur, pour la sémantique) soit supposé adopter la même démarche de formalisation.
(c) Citation :
- "Il faut bien voir d'abord que l'utilisation d'une formalisation de type logique ne signifie nullement que le parleur - c'est-à-dire l'objet de l'étude du psychologue - fonctionne de façon logique ; elle manifeste seulement que le psychologue, lui, essaye de fonctionner de manière logique, c'est-à-dire conformément à des règles qu'il se donne ; ces règles sont elles-mêmes subordonnées à l'exigence de cohérence, qui est l'une des deux grandes exigences de la science. (Le Ny, "Sémantique psychologique", page 15)".
(d) Il est loin d'être établi que plusieurs disciplines (Psychologie, Sociologie, Economie Politique) puissent établir des objets différents à partir de la même réalité inséparable (espèce humaine, Homo Sapiens Demens).
(e) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Discipline. Disciplines. Equilibre des économistes. Equilibre économique. Formalisation et invariance. Logique et psychologie. Multitude de temporalités. Pertinence. "Réalité Représentations". "Trois Niveaux".

Objet externe

Terme de Psychanalyse.
(a) Contradiction apparente. Un objet externe est une personne, à l'extérieur d'ego.
(b) Videtur quod non. Depuis Freud, le terme d'objet est utilisé, car la personne concernée n'est pas un individu indifférent pour ego. Cette personne est l'objet d'un fort sentiment (amour ou haine) de la part d'ego. Le sujet est donc un objet psychique ou un objet affectif, en ce sens qu'il est l'objet d'un amour ou l'objet d'une haine. Les autres individus de la réalité externe sont des "ombres", des matricules, des fonctions interchangeables ou des inconnus.
(c) Les relations entre les individus constituent des relations ou des rapports interpersonnels au sein des organisations, des entreprises, des groupes fusionnels ou des institutions. Les objets externes sont donc pris dans des rapports intra-institutionnels ou des rapports intra-organisationnels.
(d) Ces objets externes servent aussi de supports à des mécanismes d'identification. Ils sont objets de processus d'incorporation (symbolique ou imaginaire). Les représentations internes d'un objet externe dans la pensée et les sentiments d'un individu deviennent des objets internes, dans la réalité psychique de celui-ci. Inversement, les sentiments négatifs d'ego à l'égard de lui-même (honte, culpabilité, haine, envie, désir de vengeance) sont projetés sur (attribués à) des objets externes. Tel est le rôle de la "tête de turc", de "l'ennemi de classe", de la "race inférieure" ou du bouc émissaire.
(e) Du fait des mécanismes d'introjection, de projection, mais aussi de clivage, de rejet ou de forclusion, la relation entre objet interne et objet externe n'est pas un reflet exact.
(f) Ce point de vue est celui de la métapsychologie freudienne (1915-1916). Il est totalement ignoré de Karl Marx (1818-1883) dans "Le Capital" (1867). Et pourtant, comme Jonathan Swift (1667-1745) écrivant "Le conte du tonneau" (1704) ou "Les Voyages de Gulliver" (1726), Marx cherche parfois à exprimer des idées de ce type. Mais, les fantasmes exprimées par Marx ne sont pas connus de lui ni exposés au lecteur comme tels. La critique des représentations du Capital tend alors à fonctionner comme sa naturalisation ou comme l'exposé involontaire de sa fatalité.
(g) Certains objets externes peuvent être des objets inanimés. Il suffit qu'ils soient représentatifs (du pouvoir, de la beauté, de la richesse, de la distinction, du grand Capital) et qu'à ce titre, ils soient l'objet d'une passion (envie, haine, jalousie, fureur inconoclaste, agressivité, pulsion destructrice, admiration).
(h) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Choix d'objet. Eros et Thanatos. Fantasme de groupe. Fantasme individuel. Livre III du Capital. Mémoire énergétique et signifiante. Reflet marxiste. Vision excrémentielle. "Ile Robinson".

Objet fonctionnel

(A) Terme de Technologie.
(a) Un objet fonctionnel, comme une pièce, un produit industriel ou un instrument, est un objet dont les conditions d'usage correspondent aux fonctions annoncées, pour lesquelles il a été acquis.
(b) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions : Produit à concevoir. Produit conçu. Produit livré. Produit réalisé. Valeur d'échange. Valeur d'usage. Valeur de la force de travail.
(B) Terme de Psychanalyse.
(a) Chez les états-limites, l'objet d'amour est considéré comme un objet fonctionnel.
(b) Cette manière de concevoir l'objet est une défense contre l'angoisse de la perte de l'objet. La faiblesse du Moi rend l'individu-limite dépendant de son objet, dans une relation anaclitique. La dévalorisation de l'objet, voire son rejet préalable, est une manière de conjurer le drame de sa perte éventuelle.
(c) Citation :
- "Freud a nettement opposé dans "Inhibition, Symptôme et Angoisse" le mécanisme des défenses du petit Hans à celui des défenses de l'homme aux loups. Chez le russe il montre que le traumatisme précoce (la séduction) constitue un obstacle aux investissements oedipiens et à l'établissement d'une angoisse de castration. Chez Hans c'est simplement le représentant de la pulsion qui se trouve refoulé, tandis que chez l'homme aux loups il s'agit d'une régression opérant sur la pulsion elle-même et aboutissant à une véritable dégradation de la pulsion sexuelle. Dans le premier cas, et chez tout névrotique, il s'agit d'un objet de désir, objectalement investi, futur, à tenter de posséder sans punition ; dans le second cas, et chez l'état-limite, il s'agit d'un objet passé, objet fonctionnel, indispensable, à ne pas perdre. (Jean Bergeret, "La dépression et les états limites", page 115)".
(d) Transfert narcissique. A propos de la personnalité narcissique, autre dénomination pour la même population de la lignée limite dépressive, le psychanalyste américain Otto Kernberg a parlé de l'attitude des patients (le transfert) à l'égard de l'analyste. Il a fallu plusieurs années à un analysant pour qu'il considère Kernberg comme une personne, indépendante de lui-même, et non plus comme un objet d'usage.
(e) M. Gressot et P. Luquet font état d'expériences similaires, dans lesquelles l'analyste est vécu comme un persécuteur sadique :
- "M. Gressot appelle "relation tangente" ce genre de contact furtif avec l'image dangereuse et P. Luquet cite le cas de faux obsédés, à l'allure de caractère phobique, pour lesquels le contact avec l'image projetée n'est pas possible. Il estime qu'il faut des années et des centaines d'expériences commencées, interrompues, annulées ou recouvertes, pour leur faire prendre conscience de leur projection ou simplement d'un début de celle-ci. Le patient tente de réduire l'autre au rôle d'objet partiel et fonctionnel, afin d'échapper à la relation identificatoire dans son ensemble. Ce mouvement demeure essentiellement bloqué au temps introjectif, soit par refus pur d'introjection, soit parce que l'introjection toujours agressive et captative, mettant la relation sans cesse en péril, ne fournit au Moi que des représentations inutilisables. P. Luquet groupe ces comportements sous le vocable de "névroses d'identification". (Jean Bergeret, "La dépression et les états limites", page 121)".
(f) L'objet fonctionnel est aussi un "objet antidépressif" et un "objet contra-phobique". L'état-limite, peu doué pour l'empathie, est économe de ses investissements affectifs. D'investissement en contre-investissement, il les place "au mieux", au jour le jour. La Banque de l'économie de crédit n'a rien inventé !
(g) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Choix d'objet anaclitique. Phobie. Pensée opératoire. Transfert en miroir. Transfert négatif. Traumatisme désorganisateur précoce. Traumatisme désorganisateur tardif. "Economie Crédit".

Objet fractal

(a) Bien que la découverte en soit récente, la plupart des objets naturels sont des objets fragmentés ou fractals.
(b) Un objet fractal, comme un nuage bourgeonnant dans un ciel orageux, le relief chaotique des côtes de la Bretagne ou des monts du Forez, une courbe des variations du prix du blé, est un objet qui a la propriété de fractalité.
(c) Cette propriété de fractalité peut se décomposer en trois propriétés reliées :
- Dimension non-entière.
- Auto-similitude.
- Fragmentation récursive.
(d) On peut retrouver ces propriétés dans l'élasticité du langage et dans les mécanismes récursifs de la signification.
(e) La Relativité d'échelle de Laurent Nottale généralise et relativise la notion d'objet fractal de Benoît Mandelbrot.
- "Les lois d'échelles linéaires correspondent aux fractals les plus simples, de type auto-similaire ou invariant d'échelle (à dimension fractale constante). Un très grand nombre de systèmes biologiques ont d'ors et déjà été modélisés par de telles structures, dès les premiers travaux de Mandelbrot : poumons, réseau sanguin, cellules, végétaux, etc.. (Laurent Nottale)".
(f) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions : Fractalité de l'attention. Fractalité de la conscience. Horst fractal. Langue naturelle. Longueur des côtes de Bretagne. Nuages. Orage. Première marche du horst.

Objet frontière

(a) Un objet frontière (ou d'interface) est un objet marquant une frontière tout en facilitant le dialogue entre des spécialistes dans la réalisation d'un projet commun pluridisciplinaire. Citation :
- "Star (1989) montre que la coordination d'acteurs hétérogènes peut être réalisée grâce à la mise en forme d'objets-frontières, qui seraient à la fois adaptables à différents point de vue et suffisamment robustes pour maintenir leur identité à travers eux ("Coopération et Conception", page 97)".
(b) Nous y voyons la possibilité de faire communiquer des spécialistes de domaines différents. Ils sont spécialistes parce qu'ils maîtrisent un système sémiotique particulier. Ces systèmes sont basés sur une simplification de la réalité. Par exemple les concepts de point, de force, de centre de gravité et d'inertie en mécanique. Mais aussi les concepts de droits, de causes et de devoirs dans le domaine juridique. Etc.
(c) On ne peut passer directement d'un système sémiotique à un autre sans perdre la cohérence sur laquelle on a construit chacun d'eux. L'objet, frontière et interface, est à la fois la rivière qui sépare et le pont qui enjambe.
(d) Les objets-frontières permettent à un spécialiste de transmettre l'état (provisoire ou définitif) de ses travaux à d'autres spécialistes. Ceux-ci devront produire une nouvelle représentation, simplifiée et spécifique, de l'objet-frontière pour mettre en évidence de nouvelles contraintes et de nouvelles lignes d'exploration.
(e) La constatation de la pluralité des systèmes sémiotiques est à l'origine du "Projet de recherche du RAD".
(f) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Conception récursive. Conception Simultanée. Conception Simultanée du produit et de son usage. Conception Simultanée du produit et du process. Conception stratégique du catalogue. Conception structurante. Conception tactique du produit. Généralisation intersémiotique. Intersémioticité. Objet commissionnaire. Objet médiateur. "Projet Recherche".

Objet idéal

Terme de Psychanalyse.
(a) L'objet idéal est un objet interne.
(b) L'objet idéal est une image, très déformée, d'un objet externe.
(c) L'objet idéal est un fantasme protecteur. Il est construit contre l'angoisse provoquée par la rage narcissique.
(d) Idéalisation. L'objet idéal est le "fantasme d'un parent qui toujours donne, toujours aime, toujours accepte, contrairement à l'expérience de l'enfant dans la réalité. (Otto Kernberg, La personnalité narcissique, page 68)".
(e) Dévalorisation. L'objet idéal est un remplacement de l'objet externe dévalorisé, l'image parentale véritable.
(f) La Vierge Marie est un tel objet idéal partagé.
(g) Dans "L'Astrée", la pastorale d'Honoré d'Urfé. Pour le berger Céladon, l'objet idéal n'est pas la bergère Astrée. L'objet idéal semble être la nymphe Léonide. Ce personnage de nymphe idéale semble avoir été construit en complément de la dévalorisation inconsciente de l'autoritaire et hautaine Renée de Savoie. On trouve aussi, à l'abbaye de Bonlieu, une parente toujours bonne (et toujours vierge). Honoré d'Urfé en fait le personnage de Chrisanthe, la dame druide qui dirige le temple de la Bonne Déesse.
(h) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions : Dévaloriser. Etats limites. Refusion défensive. Soi grandiose.

Objet affectif

Terme de Psychologie.
(a) L'objet affectif suit, au cours du développement de l'enfant, une évolution qui accompagne le développement de ses compétences cognitives. Le développement affectif et le développement cognitif ne peuvent se comprendre que dans leurs inter-relations.
(b) Citation :
- Ainsi, "l'objet affectif sensori-moteur n'est qu'un objet de contact direct, que l'on peut retrouver en cas de séparation momentanée mais qui ne peut être évoqué durant ces séparations. Avec l'image mentale, la mémoire d'évocation, le jeu symbolique et le langage, l'objet affectif est au contraire toujours présent et toujours agissant, même en son absence physique, et ce fait fondamental entraîne la formation de nouveaux affects, sous la forme de sympathies ou d'antipathies durables, en ce qui concerne autrui, et d'une conscience ou d'une valorisation durable de soi, en ce qui concerne le moi (Jean Piaget, in "Psychologie de l'enfant", page 90)".
(c) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Choix d'objet. Mémoire de récognition. Niveau sensori-moteur. Objet externe. Objet fonctionnel. Objet permanent. Objet psychique. Réalité psychique. "Psychologie Génétique". "Réalité Représentations".

Objet commissionnaire

(a) Dans la conception séquentielle du produit par le Bureau d'études puis du process par le Bureau des Méthodes, la définition du produit conçu est un objet commissionnaire. Il transfert un ensemble de contraintes, le plus souvent définitives et non négociables entre le B.E. et le B.M.
(b) Dans un processus de conception collective, l'objet commissionnaire tend à être remplacé par un objet médiateur. Les outils de la Conception Assistée par Ordinateur facilitent cette médiation dans la nouvelle démarche de l'ingénierie concourante ou ingénierie simultanée. La conception simultanée du produit et du process de fabrication est rendue nécessaire par le raccourcissement des délais de mise sur le marché (time to market) des produits nouveaux.
(c) Citation :
- "En résumé, l'objet commissionnaire est celui qui est censé représenter, fidèlement, comme un porte-parole, le jeu et les interactions entre acteurs et objets en amont de cet objet. A l'opposé, on peut penser que les objets sont toujours inéluctablement des médiateurs et qu'inévitablement, ils transforment l'intention qui préside à leur conception ("Coopération et Conception", page 94)".
(d) Du fait des sémiotiques différentes propres aux outils logiciels (DAO, IAO, CAO) d'aide à la conception, le passage d'une forme à l'autre change leur perception et peut amener à changer aussi le contenu.
(e) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Conception récursive. Conception Simultanée. Conception Simultanée du produit et de son usage. Conception Simultanée du produit et du process. Conception stratégique du catalogue. Conception structurante. Conception tactique du produit. "Conception Réalisation".
(f) Sur le site web du Réseau d'Activités à Distance :
- " Thématique, La Conception "
http://rad2000.free.fr/concepti.htm
- " Thématique, Produits en Conception "
http://rad2000.free.fr/produits.htm
- " Le Métier d'Intégrateur "
http://rad2000.free.fr/metinteg.gif
- " Les Bases de Composants Mécaniques"
http://rad2000.free.fr/plangene.htm
- " Les Bases de Composants Paramétrés "
http://rad2000.free.fr/bacopara.htm
- " Les Bases de Composants Simplifiés ou Normalisés "
http://rad2000.free.fr/bacosimp.htm

Objet de valeur

Terme de Sémiotique.
(a) En sémiotique, un objet de valeur se définit comme le lieu d'investissement des valeurs (ou des déterminations) avec lesquelles le sujet est conjoint ou disjoint.
(b) Un objet de valeur ou objet sémiotique n'a d'existence sémiotique que par rapport à un sujet sémiotique. Et réciproquement.
(c) Le parcours narratif du sujet est la suite de ses relations avec un ou des objets de valeur.
(d) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Biens de luxe. Conjonction. Consommation finale. Disjonction. Épreuve. Épreuve décisive. Épreuve glorifiante. Épreuve qualifiante. Jonction. "Réalité Représentations". "Seigneurs Marchands". "Trois Niveaux".

Objet a

(a) L'objet a (lire "l'objet petit a") est une des figures utilisées par le psychanalyste français Jacques Lacan pour théoriser le désir, sa source et ses dérives.
(b) Le 'a' ("petit a") qui particularise cet objet est la première lettre du mot grec 'agalma' utilisé par Socrate dans un dialogue de Platon.
(c) Un 'agalma' est une statuette.
(d) Dans l'Antiquité, les 'agalmata' sculptées par Dédale étaient célèbres pour leur beauté et leur précision. Permettant à Minos de retrouver la trace du fugitif, elles ont failli lui être funestes.
(e) Comme pour la sculpture de la reine défunte, Hermione, dans "Le Conte d'hiver" de William Shakespeare, on disait d'une agalma de Dédale : "on la croirait vivante", "on dirait qu'elle va se mettre à parler", "il ne lui manque que la parole".
- "Pour moi, je suis grand amateur des bibelots d'argent. J'ai des coupes de ce métal qui contiennent environ une urne, plus ou moins ; j'ai Cassandre égorgeant ses enfants, et les pauvres petits sont là étendus morts, qu'on croirait que c'est vivant. J'ai mille aiguières que Mys, le grand orfèvre, a léguées à mon patron : on y voit Dédale enfermant Niobé dans le cheval de Troie. J'ai aussi sur des coupes le combat d'Herméros et de Pétracte. Toutes sont d'un grand poids. Et ce que j'achète, dites-le-vous bien, je ne le revendrais à aucun prix. (Pétrone, "Le Satyricon", propos de Trimalcion)".
(f) L'objet a est lié à la notion de désir par le manque, critiquée par Deleuze et Guattari.
- "L'amant (quel que soit son sexe) a quelque chose qui lui manque, mais il ne sait pas ce que c'est ; et l'aimé n'est pas plus avancé : il possède quelque chose de caché qui fait son attrait, mais il ne sait pas quoi non plus. Ce quelque chose est une agalma, quelque chose de précieux, dissimulé dans une enveloppe : c'est l'objet du désir. Quand l'amour est réciproque, chacun des protagonistes est à la fois aimé et amant, et la dissymétrie est double. «Ce qui manque à l'un n'est pas ce qu'il y a caché, dans l'autre», énonce Lacan. (Commentaire sur Jacques Lacan, document du web)".
(g) Comme le tabou, le désir se déplace par contagion.
- "On ne s'étonnera pas, dès lors, de voir se creuser une différence entre les mythes d'origine que ces deux pensées de l'image auront pu produire : l'idole évoque les statues vivantes de Dédale, le pouvoir d'animation amoureuse dont Aphrodite gratifiait l'ivoire sculpté par Pygmalion, l'ombre contournée d'un amant qui va disparaître, ou bien encore le reflet captivant en lequel Narcisse voulut s'abîmer. Ce n'est plus dès lors le passage de l'inerte à l'organique qui est valorisé ; ce n'est plus l'aspect fascinant, ni l'ombre portée, ni le reflet qui servent de paradigmes essentiels. A l'ombre et au reflet vont se substituer l'atteinte lumineuse, la trace et le contact du sang... Tant il est vrai que l'épisode (pourtant apocryphe) de la Véronique aura pu fonctionner comme récit d'origine de toute icône chrétienne, se concrétisant dans l'histoire en différents objets de culte, en images miraculeuses, nommées acheiropoîètes, parce que "non faites de main d'homme". Ce récit d'origine ne nous parle ni de prodigieux hasard (tuchè), ni de prodigieuse technique ; il nous parle du visage du Christ miraculeusement "cliché" sur le voile tendu par une jeune vierge compatissante, au bord du chemin de croix. C'est alors la marque même du sacrifice - sang, souffrance et défiguration d'un dieu, mais aussi sa logique rédemptrice - qui aura constitué la première image chrétienne, à travers l'impression de ses traces, ce que le latin nomme : ses vestigia. (Encyclopaedia universalis, article "Art et Théologie")".
(h) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Désir mimétique. Désir moléculaire. Hermione et Polixène. L'Anti-Oedipe. Théorie mimétique. Vestige. "Oedipe Famille". "Oedipe Fatalité". "Oedipe Robinson".

Objet

(A) Sens courants du mot.
(a) Par opposition à une idée, un objet est une chose concrète perceptible par les sens. Mais cette définition reste très relative. On ne peut éviter le solipsisme si l'on cherche un critère unique et formel entre objet, mirage et hallucination. D'ailleurs les autres sens du mot 'objet' en font vite un thème ou une idée.
(b) Dans une discussion, une association, une thèse, une recherche, une organisation réelle, l'objet est le but, la matière ou le domaine de l'activité.
(c) La locution 'sans objet' signifie que la chose est 'sans fondement réel'. Un procès, une action en justice (pour meurtre) peut devenir sans objet si le prétendu 'mort' ou 'disparu' se manifeste au cours du procès.
(d) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Chosisme. Contrainte.
(B) En sémiotique.
(a) L'objet de connaissance doit être distingué de l'objet affectif (en Psychologie) et de l'objet psychique (en Psychanalyse).
(b) Citation :
- "On désigne du nom d'objet, dans le cadre de la réflexion épistémologique, ce qui est pensé ou perçu en tant que distinct de l'acte de penser (ou de percevoir) et du sujet qui le pense (ou le perçoit). Cette définition (qui n'en est pas une) suffit pour dire que seule la relation entre le sujet connaissant et l'objet de connaissance les fonde comme existants et distincts l'un de l'autre : attitude qui semble tout à fait conforme à l'approche structurale de la sémiotique. C'est dans ce sens qu'on parle de langage-objet ou de grandeur sémiotique, en insistant sur l'absence de toute détermination préalable de l'objet, autre que sa relation avec le sujet... L'objet (ou objet de valeur) se définit alors comme le lieu d'investissement des valeurs (ou des déterminations) avec lesquelles le sujet est conjoint ou disjoint. (Greimas, Courtès, p. 259)".
(c) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Objet total. Objet partiel. Pulsion. Amour. Choix d'objet.
(C) En Dialectique.
(a) La dialectique du sujet et de l'objet est plus importante et permanente que l'identité de chacun d'eux.
- "L'homme se découvre quand il se mesure avec l'objet. (Antoine de Saint-Exupéry, (1900-1944), "Terre des hommes")".
(b) Même sans être particulièrement fétichiste, peu ou prou, nous projetons l'amour pour les sujets dans les objets qu'ils possèdent ou qui les évoquent.
- "Objets inanimés, avez-vous donc une âme
Qui s'attache à notre âme et la force d'aimer ?
(Alphonse de Lamartine, (1790-1869), "Harmonies poétiques et religieuses", "Milly ou la Terre natale")".
(c) Car le sujet lui-même est un objet affectif. Il est élu par un choix d'objet, pour une relation d'objet.
(d) La distinction entre objet et sujet ne sera jamais stable. Elle est perpétuellement mouvante. Dans un véritable dialogue, les positions s'échangent à tout instant. C'est encore plus vrai dans le sadisme et le masochisme.
- "Rien de ce qui nous entoure ne nous est objet, tout nous est sujet. (André Breton, (1896-1966), Le Surréalisme et la Peinture)".
(D) En Trialectique.
(a) La trialectique reconnaît le sujet, l'objet et le projet.
(b) Citations :
- "Dans la pensée scientifique, la méditation de l'objet par le sujet prend toujours la forme du projet. (Gaston Bachelard, 1884-1962, "Le Nouvel Esprit scientifique")".
- "Ce qui nous garantit l'objectivité du monde dans lequel nous vivons, c'est que ce monde nous est commun avec d'autres êtres pensants. (Henri Poincaré)".
(c) "L'agir communicationnel" (Jurgen Habermas) entre les êtres pensants qui cherchent à mettre en commun ce vécu est à la base du projet d'intelligibilité de la science.
(c) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Fonder. Fondement. Conjonction. Disjonction. Objet permanent. "Robinson Crusoé".
(E) Terme de Psychanalyse.
(a) En Psychanalyse, depuis l'usage qu'en a fait Freud, avec l'expression 'choix d'objet', le terme 'objet' désigne le plus souvent un sujet. Cette personne humaine est envisagée comme objet de l'amour (ambivalent) ou des pulsions (libidinales ou agressives) de la personne considérée. On parlera donc d'un choix d'objet narcissique (ressemblant à ego) ou d'un choix d'objet anaclitique (complément indispensable pour supporter ego et le prémunir de l'angoisse).
(b) N'en profitez pas pour déclarer à la personne que vous aimez : "Tu es ma chose !".
(c) Apports de Melanie Klein. L'enfant ne parvient pas tout de suite à percevoir l'unité de sa mère comme objet total. Au stade oral, il n'en connaît d'abord qu'un objet partiel, le sein. Celui-ci est tantôt perçu comme un bon objet, gratifiant, miraculant, tout puissant ; tantôt, quand il se fait attendre dans l'angoisse primaire, le sein est perçu comme un mauvais objet, cruel, terrifiant, désorganisateur. C'est à partir de la position dépressive que le nourrisson découvre que le bon objet et le mauvais objet sont un seul et même objet total, la mère. Il se sent alors coupable de son agressivité.
- "L'objet naît dans la haine, dit Freud, c'est l'absence réelle, voire hallucinée de l'objet premier qui incite le petit de l'homme à se poser – inconsciemment – des questions («haineuses») sur sa maman, voire sur son sein. C'est le grand mérite de Melanie Klein de nous avoir décrit le monde fantasmatique de l'infans autour de cette première découverte «haineuse» de l'objet, les défenses spécifiques qui peuvent en découler, et aussi cette tendance de vouloir panser l'objet dès que l'infans commence à le penser. (Susann Heenen-Wolff, "Psychanalyse et Liberté", document du web)".
(d) A partir de la découverte des fantasmes et de la vie fantasmatique (proche du délire pathologique ou du rêve normal), Sigmund Freud et les psychanalystes ont été amenés à compléter la réalité externe (ou réalité indépendante) par une réalité psychique. Il s'ensuit une outre distinction entre objet interne et objet externe. A la mort d'un objet externe (individu proche d'ego), le travail de deuil se déroule principalement avec et sur l'objet interne correspondant.
(e) Cette distinction des objets interne et externe se retrouve entre les deux grandes structures de la personnalité de base :
- chez un psychotique, l'objet interne est gravement atteint ;
- chez un névrotique, l'objet externe reste intact.
(f) Dans la lignée limite-dépressive, les états limites oscillent entre deux systèmes adaptatifs. Faisant le plus souvent référence à la réalité concrète des objets externes, ils passent parfois brutalement à des références fantasmatiques aux objets internes (incorporés ou projetés).
(g) Ambivalence des attentions. L'objet de la bonté ou de la séduction n'est plus un sujet en analyse (certaines psychothérapies déviantes) ou en formation (crime pédophile en institution d'éducation). Il est devenu un "objet" au sens courant du terme.
(h) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Envie et gratitude. Théorie du traumatisme. Etiologie paternelle.
(F) Mystère.
(a) Malgré notre besoin de rationalisation, nous ne comprenons pas tout ! Il existe des objets ou des phénomènes visuels ou des perceptions non-expliquées.
- Un OVNI est "la perception rapportée d'un objet ou d'une lueur vu dans le ciel ou sur le sol, dont l'apparence, la trajectoire, et le comportement dynamique et luminescent général n'évoquent pas une explication logique ou conventionnelle et qui mystifie non seulement le témoin original, mais reste non-identifié après une étude poussée de toute l'évidence disponible par des personnes techniquement qualifiées pour identifier une source probable, s'il y a lieu. (Docteur J. Allen Hynek)".
(b) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Soucoupe volante. Ufologie. Modèle d'intelligibilité.
(G) Epistémologie.
(a) Depuis la physique quantique, la coupure radicale entre sujet observant et objet observé n'est plus de mise.
(b) Pourtant, la formule 'tout se passe comme si' est souvent oubliée, même quand elle est employée.
- "Mais pratiquement, aucun autre scientifique, dans les disciplines de la science macroscopique, n'a transposé ces considérations aux descriptions du monde auxquelles ils se livrent dans leur discipline. C'est notamment le cas en physique des particules ou en cosmologie, qui sont pourtant très imbibées de physique quantique. On parle du boson de Higgs ou du multivers comme s'il s'agissait de choses existant en dehors de l'homme et de ses systèmes de connaissance. Finalement, et c'est plus grave, la société laisse toujours la parole aux autoritarismes de toutes sortes, qui prétendent s'appuyer sur leur connaissance prétendue de ce qu'est le monde en soi pour nous dicter nos croyances et nos comportements - je ne parle pas seulement des tenants des religions dites révélées, mais des experts de toutes origines, se disant scientifiques, qui s'expriment constamment dans les médias, et influencent les gouvernements. (Jean-Paul Baquiast, dialogue avec Michel Bitbol, à propos de "Des phénomènes de Kant à la théorie quantique de l'information. Le rôle de la philosophie des sciences", in "Automates Intelligents", http://www.automatesintelligents.com/interviews/2004/juil/bitbol.html)".

mercredi 2 juillet 2008

Objet du désir

Terme de Psychanalyse.
(a) Depuis Freud, la Psychanalyse fait grand usage du terme 'objet'. Presque toujours, il s'agit d'une personne ou d'un sujet.
(b) Le mot 'objet' ne manifeste pas un mépris. Il s'agit simplement du choix d'objet, de la personne qui est l'objet du désir.
(c) De même, en langage poétique, l'amoureux évoque "l'objet de ses pensées".
(d) Références d'usage du terme :
- "Ce qu'on n'a pas, ce qu'on n'est pas, ce dont on manque, voilà l'objet du désir. (Platon)".
- "Mais qu'y a-t-il donc de si périlleux dans le fait que les gens parlent, et que leurs discours indéfiniment prolifèrent. Où donc est le danger ? ... Je suppose que dans toute société la production du discours est à la fois contrôlée, sélectionnée, organisée et distribuée par un certain nombre de procédures qui ont rôle d'en conjurer les pouvoirs et les dangers, d'en maîtriser l'événement aléatoire, d'en esquiver la lourde, la redoutable matérialité... Le discours, en apparence, a beau être bien peu de chose, les interdits qui le frappent révèlent très tôt, très vite, son lien avec le désir et avec le pouvoir... le discours, ce n'est pas simplement ce qui manifeste (ou cache) le désir ; c'est aussi ce qui est objet du désir ... le discours n'est pas simplement ce qui traduit les luttes ou les systèmes de domination, mais ce pour quoi, ce par quoi on lutte, le pouvoir dont on cherche à s'emparer. (Michel Foucault, "L'Ordre du Discours", leçon inaugurale au Collège de France, NRF, Gallimard, 1971)".
- "Nous vivons à travers une continuelle projection dans nos désirs. Nous avons conscience de nos désirs, mais seulement dans le sens où nous sommes jetés à la poursuite de leur satisfaction. Nous sentons en nous cette traction du désir, cette inquiétude qu'il provoque ; nous vivons dans cette instabilité que le désir provoque, ballottés par nos désirs et c'est encore ce tiraillement du désir que nous trouvons dans l'agitation de nos pensées. Nous souffrons de nos frustrations et voudrions toujours être là où nos désirs seraient satisfaits, toujours mécontents de ce que le présent nous offre. Mais être jeté dans nos désirs nous a-t-il jamais appris ce que nous désirons exactement ? Par exemple, l'adolescent qui veut absolument une moto sait-il exactement pourquoi il la veut ? Est-ce vraiment sûr que c'est la moto qu'il désire et pas le gain d'une certaine fierté, d'une assurance devant ses copains, d'un sentiment de force et même de virilité ? Si c'est le cas, cela veut dire qu'il désire en fait une chose pour une autre sans savoir exactement dans quelle direction va exactement le désir. La difficulté est donc tout d'abord de savoir quel est l'objet réel du désir. Avons-nous donc conscience de l'objet de nos désirs ? Que cherchons-nous à travers nos désirs ? (Site "Philosophie et Spiritualité", Leçon IV, "L'obscur objet du désir", document du web)".
(e) Cinéma. "Cet obscur objet du désir" est le dernier film (1977) du réalisateur espagnol Luis Buñuel, d'après un roman de Pierre Louÿs, "La Femme et le pantin".
(f) Critique littéraire. "Raymond Queneau. Cet obscur objet du désir" (L'Harmattan, 2006) est un ouvrage de Marcel Bourdette-Donon.
(g) Psychanalyse. "L'Obscur objet du désir" est un article de Catherine Delarue dans la revue "Analyse Freudienne" (2005).
(h) Sur le Cédérom Encyclopédique (http://houdoy.hubert.free.fr/cdencycl.html) vous trouverez les définitions et les textes : Choix d'objet. Choix d'objet narcissique. Choix d'objet anaclitique. "Definir Plus Value".

Encliquopédie

(a) Apparition. Le mot 'encliquopédie' est employé par Michel Serres en 1992.
- "Mais la communication concerne, aussi bien, ces transferts de méthode d'une science à une autre ou de la science la plus pure à la philosophie. Elle traverse des espaces - par exemple l'espace de l'encyclopédie - beaucoup moins simples ou translucides qu'on ne l'aurait cru. Reprenez la liste de mes livres : aisément vous pourrez repérer comment je suis passé de la mathématique à la physique, de celle-ci aux sciences du vivant et aux sciences humaines, en ne laissant jamais leur composante historique. Mais cela ne fait pas une liste ou une rubrique toute lisse, sur un espace homogène ou plat, mais, au contraire, dessine un relief tourmenté, chaotique, fractal, plus fidèle à la réalité. Oui, la classification des sciences a beaucoup changé en trente ans, on hésite même devant l'acte de classer. L'âge de l'informatique nous conduira, sans doute, un jour, à une encliquopédie ! (Michel Serres, "Eclaircissements. Entretiens avec Bruno Latour", François Bourin, 1992, page 113)".
(b) Définition. Une encliquopédie est une encyclopédie informatisée dans laquelle le lecteur peut passer d'un article à un autre (d'une définition à une autre, dans un dictionnaire encliquopédique), en se contentant de cliquer sur un mot ou de faire quelques clics pour ouvrir des dossiers de rangement alphabétique.
(c) L'Encyclopedia Universalis est soit une encyclopédie traditionnelle sur un support papier, soit une encliquopédie sur cédérom ou sur dévédé.
(d) Wikipédia est en train de devenir une grande encliquopédie francophone sur le World Wide Web d'Internet. On passe d'un article à un autre par un lien hypertextuel.
(e) Notre cédérom encyclopédique est une encliquopédie indirecte. En quelques clics sur les dossiers, on accède à la définition de chacun des mots en gras.
(f) A côté des grandes encliquopédies totalement centralisées (équipe de rédaction et support informatique de l'Encyclopedia Universalis) ou mi-centralisées mi-décentralisées (comme les milliers de contributeurs de Wikipédia alimentant un site informatique central), il existe de la place, sur la Toile, pour des encliquopédies totalement décentralisées, chaque internaute gérant la rédaction de quelques dizaines, quelques centaines ou quelques milliers d'articles. De telles encliquopédies sont (ou seraient) à l'abri d'une disparition complète et brutale.
(g) Voir A partir d'un mot. La cathédrale et le bazar.